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Tout savoir sur le parc
L'histoire du parc

Les amoureux des animaux seront comblés par leur visite,
dans ce magnifique parc dont l’histoire remonte au Moyen-Âge.
Animaux en liberté, réserve ornithologique et parc botanique
historique… le parc de Clères recèle de nombreuses merveilles.
Découvrez son histoire !
Depuis l’âge du Bronze, les hommes occupent ce territoire d’où jaillit la Clerette, petit cours d’eau affluent du Cailly. C’est au 11e siècle qu’une première mention du seigneur de Clères est faite : Roger de Clères est un personnage important. Il est propriétaire du domaine et seigneur de nombreuses terres situées notamment dans l’Eure. Il a pour frère Osbern de Cailly, riche seigneur normand. Ordéric Vital, historien des ducs de Normandie, mentionne alors une escarmouche en pays de conches : Roger de Tosny, suzerain de Roger de Clères, est tué par le fils de son ennemi et voisin, Onfroy de Vieilles, vers 1035. S'en suivent règlement de compte et vengeances : Le seigneur de Clères tue Robert, le fils cadet d’Onfroy, et frère de Roger de Beaumont. Dès lors il ne cessera de faire pénitence en cédant terres et bénéfices à des abbayes pour le salut de son âme.
Un château à motte !
A cette époque le château n’est pas décrit, ni réellement mentionné, mais il est probable qu’un château à motte ait existé. En terre et en bois, ces fortifications étaient constituées d’une butte surmontée d’une structure en bois, le tout entouré de fossés et de talus, puis entouré d’une courtine et d’une basse-cour, également fortifiée.
Ces châteaux, nombreux en Normandie, ont été remplacés au 12e siècle puis au 13e siècle par des structures en pierres. Elles sont plus solides, et nécessaires pour faire face aux différentes menaces (exemple le château d’Arques-la-Bataille (76), ou de Conche en Ouche(27)). Le château de Clères fait vraisemblablement partie de cette typologie de château.
Durant la guerre de cent ans (1337 – 1453), les anglais occupent le château de Clères. Le chevalier John Grey en devient le capitaine. C’est un personnage important qui mena 35 hommes et 96 archers lors de la bataille d’Azincourt. À l’issue de la guerre de cent ans, les bourguignons ravagent les campagnes normandes, et l’on estime que c’est à cette période que le « vieux château » fut particulièrement endommagé.
Les ruines d'aujourd'hui
Les ruines qui sont visibles aujourd’hui datent sans doute de cette époque, même s’il semble qu’elles aient été remaniées au 19e siècle, afin de conserver un caractère romantique au parc.
Au 16e siècle, Georges 3 puis Georges 4 de Clères font les travaux nécessaires à la reconstruction du château. C’est de cette époque que date le corps de logis qui, aujourd’hui, est le château principal de Clères.
Lorsque la famille de Béarn prend possession du domaine en 1837, un état des lieux général est dressé. Il est accompagné d’un dessin représentant très précisément les bâtiments disposés autour d’une cour carrée. Leur situation est d'ailleurs semblable à celle de nos jours. À côté du quadrilatère des bâtiments se dressent encore les vestiges du premier château détruit, dont la taille était vraisemblablement identique à celle du château d’Arques la Bataille.
On a la confirmation de cette disposition par un cahier manuscrit, dans le chartrier du domaine de Clères, intitulé « Considérations générales sur le domaine de Clères ». Il a été rédigé en octobre 1837, lorsque la famille de Béarn prend possession de la propriété. On y apprend que le château est au centre d’un domaine de 1020 hectares. Il s’étend alors sur neuf communes, outre celle de Clères : le Bocasse, Grugny, la Houssaye, Varneville, Bretteville, Frichemesnil, les Authieux-Ratiéville, Sévis et Bellencombre. On juge alors le domaine de Clères comme le plus considérable des environs. Un plan situant ses possessions accompagne le document.
Louis-Hector de Béarn rénove le château
Les transformations de l’ensemble ne commencent qu’avec le comte Louis Hector de Béarn, en 1864. En l’absence de document plus précis, on peut supposer que les bâtiments à usage agricole, la partie en « L », sont démolis avant les travaux du château Renaissance. Le fossé qui les entoure est comblé, pour le tracé du parc. L’ensemble des bâtiments est restauré sous la direction d’Henri Parent, architecte parisien.

Monogramme de Louis-Hector de Béarn et de sa femme, Marguerite
Une rénovation générale du château Renaissance est entreprise, tant extérieure qu’intérieure. Pour l’intérieur, on y installe toutes les installations modernes nécessaires à l’époque : salles de bains, calorifères, distribution d’eau à tous les étages. L’ensemble des aménagements et leur décoration ont disparu avec l’incendie de 1939.
Le sculpteur Jean-Baptiste Foucher reprend largement l’extérieur. Il dote en particulier la porte de l’escalier sur la cour intérieure d’un décor dans le goût de l’époque : un tympan surmonte un auvent où se détache en haut-relief une tête de portier. Ce rajout est ensuite détruit par Jean Delacour, à qui il ne convenait pas.
Né en 1890 à Paris, Jean Théodore Delacour est issu d’une riche famille d’industriels, propriétaire de nombreux domaines, tant à Paris que dans le nord de la France. Il reçoit une éducation classique, et en 1900, il entre au collège chez les Jésuites. Là il côtoie les enfants des familles aisées de la capitale, et fait la connaissance du Prince Paul Murat, qui deviendra son plus fidèle ami et son associé. C’est dans la propriété de son grand-père à Villers-Bretonneux, près d’Amiens, qu’il développe, pendant ses vacances, sa passion pour l’ornithologie et la botanique, en créant serres et volières.

(Collège St Ignace – Jean Delacour est assis au premier rang deuxième place en partant de la droite)
En 1908, Jean Delacour entreprend des études de botanique à l’université de Lille. Parallèlement, il commence à voyager et fréquente les milieux scientifiques et des arts, en Europe. C’est à cette époque qu’il devient membre de la section d'ornithologie de la Société d'Acclimatation, tout en continuant à développer ses collections à Villers-Bretonneux. Après le service militaire, il entame des études de zoologie à la Sorbonne, et fréquente assidument le Muséum national d’Histoire naturelle.
De Villers-Bretonneux à Clères
Avec la Première Guerre mondiale, ses projets sont momentanément détruits, puisque le domaine familial est rasé par les offensives du printemps 1918.
Jean Delacour cherche alors une propriété avec plan d’eau et bâtiments anciens, et jette son dévolu sur le domaine de Clères, qu’il achète l’été 1919. En un an il remet la propriété en état, creuse l’étang, construit des volières, répare et décore le château. En même temps, Henry Avray Tipping, un architecte paysagiste anglais, agence le parc pour recevoir oiseaux et mammifères. Bientôt, les animaux évoluent en liberté.
La collection d’oiseaux était très importante puisqu’elle a regroupé jusqu’à trois mille spécimens, répartis en cinq cents espèces. Clères devient un centre d’attraction, non seulement pour les naturalistes, mais aussi pour les amateurs de la nature et des arts.

Villers-Bretonneux
Cette période de l’Entre-deux-guerres constitue aussi l’une des plus intenses périodes d’activité scientifique pour Jean Delacour, qui voyage beaucoup. Il dirige des expéditions scientifiques, dont les plus célèbres concerneront l’ex-Indochine française, d’où il ramène des milliers de spécimens, certains nouveaux pour la science. Elles donneront lieu à la publication de dizaines d’articles et de livres scientifiques. Il devient, à la même époque, président de la Ligue de Protection des Oiseaux, la LPO (et le sera de 1922 à 1976), et correspondant des plus importants musées d’histoire naturelle du monde (Paris, Londres, New York, Chicago, etc.).
Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Delacour part aux Etats-Unis. Les allemands réquisitionnent le château.
La reconstruction du parc, après la guerre
Au sortir de la guerre, l’état des collections est désastreux. Les oiseaux ont tous été chassés pour être mangés. Le parc a subi l’impact de plusieurs bombes, et les bâtiments ont servi d’hôpital militaire aux alliés.
Jean Delacour supporte mal le choc de cette deuxième perte, et écrit qu’il préfère prendre du recul avant de revenir au domaine. Le directeur du parc, Fooks, met en œuvre la réouverture du lieu.
La reconstruction permet une réouverture dès 1947 avec un appel à souscription pour la sauvegarde du site.
De New-York, où il travaille au zoo du Bronx, puis de Los Angeles où il occupe le poste de Directeur du Muséum d’histoire, de science et d’art, Jean Delacour va continuellement se tenir informé de l’état du parc de Clères, et y envoyer régulièrement des oiseaux.
Durant cette période, il publiera de nombreux ouvrages majeurs pour la recherche ornithologique.
A partir de 1960, Jean Delacour prend sa retraite et s’installe à Clères, qu’il cède au Muséum National d’Histoire Naturelle en 1966.
Il meurt en 1985 à Los Angeles.
Le parc zoologique
Implanté sur un domaine de 52 hectares, le parc est voué au maintien et à la préservation d’espèces animales rares ou menacées.
1 400 animaux vivent dans ce parc animalier, dont près d’un millier sont en liberté.
Les collections animales sont à dominante ornithologique : différentes espèces de grues, flamants, ibis, bernaches, touracos ou faisans y sont conservées.
De nombreux mammifères sont présents également : Antilopes, wallabies, gibbons, pandas roux, tamarins, ouistitis et deux espèces de lémuriens (makis cattas et hapalémurs d’Alaotra) .
Chaque année le parc de Clères programme des journées spécifiques et des animations destinées à transmettre, éduquer et informer le public sur le rôle des zoos et de l’importance de la conservation de la biodiversité.
Le parc botanique
Pour mettre en valeur la collection botanique, Jean Delacour demanda au paysagiste anglais Henry Avray Tipping de remanier les jardins et les terrasses du château, dans un souci de donner autant d’importance à la valorisation et à la conservation du patrimoine végétal qu’animal.
De nombreuses essences d’arbres sont ainsi présentes sur le parc : séquoia géant, ginkgo biloba, tilleul à feuilles laciniées, ainsi qu’un verger conservatoire.
La collection botanique regroupe aujourd’hui plus de 2500 espèces et variétés de plantes rares et intéressantes, faisant du site un magnifique écrin végétal Depuis février 2023, le parc est d’ailleurs labellisé « jardin remarquable ».
Parcs zoologiques : Les gardiens du patrimoine sauvage
Autrefois considérés comme de simples lieux de divertissement et de loisirs, les parcs zoologiques ont beaucoup évolués au cours du 20ème siècle, en s’attribuant de nouveaux objectifs. Ils jouent aujourd’hui un rôle majeur dans la préservation d’espèces menacées.
Le Parc de Clères s’investit dans trois missions essentielles :
- La conservation de la biodiversité, afin de protéger les espèces très menacées dans leurs milieux naturels et d’éviter leur extinction.
- La recherche scientifique
- L’éducation & sensibilisation du public à la biodiversité qui nous entoure.
La conservation
La sauvegarde et la protection des espèces menacées est une priorité pour les zoos. Ces derniers sont devenus des réservoirs d’animaux pour la nature. Jean Delacour fut d’ailleurs l’un des précurseurs de la protection de la biodiversité en devenant le premier président de l’AFdPZ à sa création en 1969.
Depuis 1992, le parc de Clères est membre permanent de l’EAZA (Association Européenne des Zoos et des Aquariums). Par ce biais, il participe activement aux programmes d’élevages européens (EEP).
Ces programmes ont été initiés afin de favoriser l’élevage en captivité d’espèces menacées. La gestion de la reproduction, selon des critères démographiques et génétiques stricts, assure ainsi à l’espèce de conserver ses caractéristiques naturelles. Pour cela, le coordinateur européen en charge de l’espèce met en relation les parcs zoologiques afin d’organiser les transferts d’animaux.
L’objectif final, à plus ou moins long terme, est une éventuelle réintroduction dans la nature ou un renforcement de la population sauvage par l’adjonction de spécimens élevés en parcs zoologiques.
21 EEP et 7 ESB !
21 espèces classées en EEP (Ex situ European Programme) sont suivies et présentées au Parc de Clères :
- le gibbon à favoris roux
- le gibbon à favoris blancs
- le panda roux
- le tamarin empereur
- l’ouistiti pygmée
- l’hapalémur d’Alaotra
- le maki catta
- le pélican frisé
- la grue de Mandchourie
- l’amazone à joues vertes
- le martin de Rothschild
- l’ibis chauve
- le faisan d’Edwards
- le calao terrestre
- le calao de Decken
- l’éperonnier Napoléon
- l’oie naine
- la bernache à cou roux
- la gallicolombe poignardée
- la gallicolombe de Bartlett
- le goura de Sclater
Et 7 autres espèces sont suivies dans le cadre des studbooks européens (ESB = European StudBook) :
- la grue couronnée noire
- la grue de Paradis
- le musophage violet
- le touraco de Fischer
- le touraco Pauline
- le tragopan de Cabot
- la conure tiriba
À travers les régions du monde, la biodiversité et les milieux naturels sont fortement menacés. Les animaux du parc de Clères sont donc des ambassadeurs de leurs écosystèmes. Sans le savoir, ils aident leurs congénères sauvages. En effet, une partie des fonds récoltés par les entrées permet au parc de s’engager en faveur d’actions sur le terrain. Ces actions sont visibles sous différentes formes comme le financement d’études scientifiques, de programmes de conservation dans les pays d’origines des animaux, ou encore sous forme de dons d’œufs.
Disparu d’Europe il y a 300 ans, l’ibis chauve (Geronticus eremita) est aujourd’hui considéré en « danger critique d’extinction » par l’UICN (Union Internationale pour la Protection de la Nature). On estime en effet sa population sauvage à seulement 116 couples en 2015.
Les dernières colonies européennes ont disparu les unes après les autres. Les populations subsistantes les plus importantes se trouvent désormais sur la côte atlantique marocaine, et encore jusqu’il y a quelques années entre la Turquie et la Syrie. Or les récents événements ont décimé la population de cette région.
Les raisons du déclin de l’Ibis chauve sont multiples, avec en tête la conversion de pâturages extensifs en cultures céréalières ou maraîchères, l’utilisation intensive de pesticides par l’agriculture conventionnelle, l’urbanisation des sites de nidification et enfin le braconnage sur les zones d’hivernage ou le trajet migratoire. C’est un animal qui était migrateur, mais qui maintenant ne bouge plus beaucoup.

À côté de cela, la population captive est stable et viable. On estime qu’il y en a plus de 1200 dans les volières des différents parcs animaliers européens. Cette réussite a permis de passer une nouvelle étape de la protection de cette espèce : la réintroduction dans son milieu naturel.
Proyecto eremita
L’idée du Proyecto eremita, lancé en 2003 par le Zoobotanico de Jerez en Andalousie, était d’implanter une colonie qui ferait le lien entre le continent européen et la population marocaine, pour permettre des échanges génétiques.
Les sites retenus pour le projet répondent aux besoins physiologiques de cet oiseau et sont semblables aux biotopes retrouvés sur le littoral atlantique marocain.
L’Espagne et les parcs animaliers européens se mobilisent pour sauver cette espèce de l’extinction. Le parc de Clères soutient ce projet en envoyant régulièrement de jeunes ibis nés au parc vers l’Espagne.
Après quelques mois passés dans une grande volière d’acclimatation, ces grands oiseaux au bec courbé retrouveront la liberté et leur milieu naturel. Cela permet de stabiliser la population et d’habituer les oiseaux à ce nouvel environnement. Un grand relâché a ainsi lieu au printemps et les oiseaux se mêlent alors aux individus sauvages.
Bien que ces sites soient relativement préservés des menaces qui pèsent sur cette espèce, les oiseaux relâchés restent sous la surveillance constante d’une équipe espagnole. Désormais, une 100ène d’oiseaux sont déjà installés, dont certains nés de couples réintroduits !
En outre, de très nombreuses actions de sensibilisation auprès des populations locales continuent d’être menées pour impliquer les andalous au projet, et d’autres projets de réintroduction sont en cours ou à l’étude, notamment en Autriche, en Italie et en Algérie.
La recherche
Un autre rôle des parcs zoologiques est la recherche scientifique appliquée à la conservation de la biodiversité. Les études menées sur les animaux de zoos bénéficient aux populations vivant à l’état sauvage. A Clères, plusieurs programmes de recherche sont en cours.
Des étudiants en éthologie (science du comportement) viennent régulièrement mener des travaux scientifiques. En collaboration avec l’équipe animalière, ils s’assurent du bien-être animal et mettent en place des enrichissements afin de stimuler les comportements sauvages de recherche alimentaire, d’exploration, etc.
Les faisans du Vietnam
Les recherches taxonomiques entreprises à Clères concernent les faisans du genre Lophura et plus particulièrement les faisans du centre Vietnam : faisan d’Edwards (Lophura edwardsi), faisan impérial (Lophura imperialis) et faisan de Voquy (Lophura hatinhensis).
Ces recherches font suite à celles entreprises par Jean Delacour, fondateur du parc, lors de ses expéditions en Indochine française. Il y avait en effet découvert le faisan impérial, dont il avait rapporté un couple, vivant à Clères. Cette espèce n’a jamais été revue depuis.
Il avait également importé des faisans d’Edwards, les seuls fondateurs de la population captive mondiale. Cette espèce est probablement éteinte dans la nature au Vietnam aujourd’hui.
Or, des années plus tard, au début des années 1970, on découvre une nouvelle espèce, très proche des deux précédentes : le faisan de Voquy.
Ces trois faisans sont morphologiquement très proches les uns des autres. En outre, ils partagent des habitats semblables dans le centre Vietnam, dans les forêts humides et denses de basse altitude.
S’agit-il de 3 espèces différentes, ou bien la proximité géographique a-t-elle provoqué des croisements entre ces 3 espèces ?
Cette question est particulièrement importante du point de vue de la conservation, aussi bien pour limiter les efforts humains et matériels que pour définir exactement l’espèce à sauver et les actions à entreprendre.
Des recherches ont été menées à Clères, en collaboration avec des chercheurs français, italiens et américains, ainsi qu’avec l’EAZA (association européennes des zoos et aquariums) et le milieu des éleveurs privés de faisans (WPA), pour préciser les positions dans la classification du vivant du faisan impérial et du faisan de Voquy.
3 méthodes différentes ont été utilisées
Les études morphologiques permettent de comparer les plumages d’oiseaux vivants ou des peaux conservées dans les musées. Nous avons ainsi pu examiner les peaux des oiseaux rapportés par Jean Delacour dans le premier tiers du 20e siècle, ainsi que des dizaines de spécimens vivants de faisans d’Edwards et de Voquy élevés dans les parcs zoologiques ou chez des éleveurs privés.
Les analyses génétiques permettent, quant à elles, de séquencer l’ADN à partir de sang, de plumes ou de prélèvements effectués sur des peaux de musée. Les séquences obtenues peuvent ainsi être comparées entre elles, et permettent de retracer des filiations ou de préciser des parentés.
Enfin, nous avons obtenu des résultats importants grâce à l’insémination artificielle, qui a permis de croiser en captivité des espèces qui ne se seraient pas forcément appariées en volière.
Les méthodes utilisées, ont permis de réduire le trio d’espèces à une seule espèce, le faisan d’Edwards. Le faisan impérial est un hybride naturel entre le faisan d’Edwards et le faisan argenté, apparu dans un habitat dégradé et morcelé. Il ne s’agit pas d’une espèce à proprement parler. Le faisan de Voquy, quant à lui, est une forme dégénérée du faisan d’Edwards due à la consanguinité apparue dans des vestiges forestiers où des micropopulations de faisans d’Edwards vivaient en vase clos sans possibilité d’échanges génétiques.
Ces recherches ont ainsi permis de développer, à Clères, des recherches annexes sur la phylogénie du genre Lophura ou sur l’insémination artificielle chez les faisans.
Les conséquences de la déforestation
Ces travaux ont mis en lumière les effets néfastes et pernicieux de la déforestation, de la destruction et du morcellement de l’habitat. La forêt a été détruite d’abord par plus de 30 années de guerre, et par l’utilisation d’agents défoliants par les troupes américaines, puis par la déforestation liée à l’extension agricole et à la croissance démographique.
Des efforts ont été faits pour retrouver des spécimens vivants, mais les résultats ont été très décevants. On n’a observé aucun individu dans la nature depuis 20 ans. Cette espèce est donc probablement éteinte à l’état sauvage.
Forêt de Khe Nuoc Trong, site de réintroduction sélectionné au Vietnam
La conservation du faisan d’Edwards passe par la sauvegarde des derniers lambeaux de forêt humide et la réintroduction d’individus issus de la population captive. Il s’agit de projets longs, coûteux, exigeant des efforts humains considérables. Préparer des oiseaux pour vivre en liberté est un vrai challenge : ils doivent en effet savoir trouver leur nourriture seuls, élever leurs jeunes, se protéger des prédateurs… C’est pourquoi les travaux actuels de recherche, auxquels le Parc de Clères participe, visent à sélectionner des reproducteurs de haute qualité. A cet effet, une collaboration internationale s’est mise en place sous l’égide de VietNature, du Zoo de Hanoi, de la World Pheasant Association (WPA) et de l’EAZA, avec l’appui de BirdLife International.
L’électrophorèse des protéines du sang
Les recherches scientifiques menées au Parc de Clères sont essentiellement axées sur des études épidémiologiques et sur le développement d’examens complémentaires visant à améliorer la qualité du diagnostic et de la prévention des maladies chez les oiseaux.
Ces recherches visent à renforcer les connaissances sur l’électrophorèse des protéines chez les oiseaux, de manière à en faire un outil de diagnostic. L’approche sanitaire est primordiale pour une bonne gestion de ces espèces en captivité, et une possible réintroduction dans la nature.
La maladie chez l’oiseau
Les oiseaux ont tendance à camoufler leurs symptômes, ce qui rend le diagnostic précoce d’une maladie plus difficile que chez d’autres animaux, comme les mammifères par exemple. De plus, les examens biochimiques permettant de détecter une inflammation sont rarement développés chez l’oiseau, et parfois difficilement utilisables.
C’est pourquoi l’électrophorèse, à l’origine développée pour le diagnostic chez l’humain, s’avère très utile dans notre cas.

Électrophorèse d’un animal sain à gauche, malade à droite
En effet, lors de l’inflammation, l’organisme réagit en fabriquant un certain nombre de protéines inflammatoires et des anticorps. La quantification des protéines du sang permet de mettre en évidence une inflammation et d’estimer sa gravité et sa durée d’évolution. L’électrophorèse des protéines permet donc de diagnostiquer précocement et simplement l’état inflammatoire chez l’oiseau.
Méthodologie de l’électrophorèse des protéines du sang
L’électrophorèse est une méthode de séparation des macromolécules biologiques (protéines, ADN, ARN, amidon…) par migration sur un gel, sous l’effet d’un champ électrique.
Une fois déposées dans les puits du gel d’agarose, les protéines migrent vers l’électrode de signe opposé, à une vitesse qui dépend surtout de leur charge électrique. Cette opération, s’appliquant à un ensemble de protéines chargées différemment, entraîne la séparation de ces protéines.
Le gel est ensuite rapidement séché puis coloré, ce qui permet de visualiser les bandes correspondant à un ensemble homogène de protéines.

principe de l’électrophorèse

gel coloré
Ce gel est ensuite scanné et traité par un logiciel qui construit la courbe d’électrophorèse, en partant du principe qu’une bande constitue un pic et un espace non coloré, un creux. La protéine la plus abondante dans le sang est l’albumine (Alb). Les globulines contiennent entre autre des protéines inflammatoires (α1 et 2) et des anticorps. Le rapport entre ces deux catégories de protéines permet de mettre en évidence une inflammation chez l’oiseau.

Distinction entre l’albumine (en bleu) et les globulines (en jaune) sur l’électrophorégramme
Si l’utilisation de l’électrophorèse des protéines est relativement simple, de nombreuses questions restent en suspens concernant l’interprétation fine des courbes.
La recherche sur l’électrophorèse des protéines chez l’oiseau au parc de Clères
Les oiseaux constituent un groupe d’animaux très vaste et diversifié. Cette diversité se retrouve dans l’aspect de leurs courbes d’électrophorèse. Chaque espèce d’oiseau présente un profil électrophorétique qui lui est propre. Il faut donc être prudent dans l’interprétation des courbes d’une espèce que l’on ne connait pas.
De plus, de nombreux paramètres physiologiques ou artificiels peuvent modifier les électrophorégrammes des individus. Les épisodes de mue et de ponte entraînent par exemple une augmentation du taux de protéines dans le sang. Les recherches menées à Clères montrent que si la mue n’a qu’une incidence mineure sur les résultats d’analyse, la ponte peut entraîner des erreurs d’interprétation dont il faut tenir compte.

poule pondeuse (Gallus gallus), en bleu avant la ponte, en noir pendant la ponte.
De plus, même si l’hémolyse et la lipémie affectent la qualité des prélèvements, les recherches ont montré que seule l’hémolyse entraîne des erreurs d’interprétation dont il faut tenir compte.
L’hémolyse est une libération de l’hémoglobine dans le sang, par la destruction des parois de globules rouges lors de la manipulation
La lipémie est la présence dans le sang de lipides, après le repas, par exemple.
Conclusion
Ces travaux ont permis d’affiner l’interprétation des électrophorégrammes en prenant en compte l’état physiologique de l’animal à un moment donné (ponte, mue…).
Néanmoins, il reste d’autres paramètres à étudier comme la croissance, la couvaison, le stress…, en se basant sur un nombre plus large d’espèces d’oiseaux afin d’affiner les résultats.
Cela ouvre de nouvelles perspectives intéressantes et, bien sûr, conduit à de nouveaux questionnements, principe même de l’avancée de la science…
L’éducation & sensibilisation
Les parcs zoologiques sont aujourd’hui des lieux d’apprentissage et de savoir.
Ils ont pour importante mission de délivrer un message de respect et de protection de l’environnement auprès de tous. Leur but est d’informer le public sur la fragilité des écosystèmes et le rôle que nous jouons dans leur sauvegarde. La sensibilisation se traduit sous plusieurs formes dans le parc, et aux travers d’événements annuels.
Cela passe aussi beaucoup par les enfants, qui seront les acteurs de demain. C’est pourquoi le parc de Clères accueille chaque année plus de 5 000 enfants. Par le biais d’ateliers ludiques et visites ciblées, les enfants prennent conscience de leur responsabilité vis-à-vis de la planète.
Le statut de protection
La surexploitation d’espèces sauvages constitue l’une des causes majeures de disparition de la biodiversité, après la destruction et la fragmentation des milieux naturels.
Depuis le 1er juillet 1975, une règlementation sur le passage des frontières, pour plusieurs milliers d’espèces en danger, a été instaurée : la Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction, dite Convention de Washington, et connue sous son acronyme anglais CITES (Convention on International Trade of Endangered Species).
L’objectif de la CITES est de garantir que le commerce international des animaux et plantes inscrits dans ses annexes, vivants ou morts, ainsi que de leurs parties et de leurs produits dérivés, ne nuise pas à la conservation de la biodiversité, et soit basée sur une utilisation durable des espèces sauvages.
Les membres signataires de la convention de Washington ont établi trois annexes :
Les espèces inscrites à l’Annexe 1 sont les plus menacées de toutes les espèces animales et végétales couvertes par la CITES. Leur commerce est strictement interdit.
L’Annexe 2 est, quant à elle, la liste des espèces qui, bien que n’étant pas nécessairement menacées actuellement d’extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n’était pas étroitement contrôlé.
L’Annexe 3, enfin, est la liste des espèces inscrites à la demande d’un membre qui en réglemente déjà le commerce et qui a besoin de la coopération des autres membres pour en empêcher l’exploitation illégale ou non durable.
Plus d’informations sur la CITES et la règlementation : https://cites.org/fra
Le statut UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature)
La Liste Rouge créée par l’UICN est un indicateur privilégié permettant de suivre l’état de la biodiversité dans le monde. Grâce à elle, on sait aujourd’hui qu’une espèce de mammifères sur quatre, un oiseau sur sept, plus d’un amphibien sur trois et un tiers des espèces de conifères sont menacés d’extinction.
Qu'est-ce que la Liste Rouge ?
La Liste Rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur l’évaluation de critères précis des risques d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces, dans toutes les parties du monde.
Fondée sur une solide base scientifique, la Liste Rouge de l’UICN est ainsi reconnue comme l’outil de référence le plus fiable pour connaître le niveau des menaces pesant sur les espèces. Son but essentiel est d’identifier les priorités d’action, de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et les enjeux de conservation, et d’inciter tous les acteurs à agir pour limiter l’extinction des espèces.
Comment la Liste Rouge est-elle établie ?
Des experts de la Commission de sauvegarde des espèces de l’UICN ont mis en place un système résultant d’un processus de concertation, d’élaboration et de validation sur plusieurs années, permettant d’établir cette Liste Rouge.
Ainsi, chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des neuf catégories de la Liste Rouge : Éteinte (EX), Éteinte à l’état sauvage (EW), En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacée (NT), Préoccupation mineure (LC), Données insuffisantes (DD), Non évaluée (NE).
Les critères permettant de classer une espèce sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition.
Pour accéder à la base de données de la Liste Rouge de l’UICN (en anglais) : https://www.iucnredlist.org/
Plus d’informations sur l’UICN ici : https://uicn.fr